Page:Lacroix - La Perle de Candelair.djvu/372

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
364
LA PERLE DE CANDELAIR

lui sembla qu’il était bien seul dans son hôtel, bien seul dans ce grand Paris si peuplé et si bruyant, bien seul surtout dans le monde moral, et la visite du marquis de Ferrettes lui fit du bien.

— Mon cher enfant, dit le marquis, en attaquant, ainsi que cela se dit vulgairement, le taureau par les cornes, vous êtes dans un moment excessivement pénible ; vous éprouvez aujourd’hui un sérieux chagrin, un des plus grands, à coup sûr, de tous ceux que vous éprouverez jamais. Je ne viens point pour vous aider à vous consoler ; je n’arrive pas, l’esprit chargé de paroles banales, vous démontrer que tout ce qui vous reste peut bien remplacer ce que vous perdez ; je laisserai cela aux indifférents et aux niais, et comme le nombre en est grand, soyez persuadé que vous êtes appelé à ouïr plus d’une fois toutes ces révoltantes phrases toutes faites.

Non, mon cher Étienne, j’arrive pour que vous ayez à côté de vous à qui parler de votre grand’mère ; je l’ai vue, vous le savez, et j’ai conservé d’elle un pieux et respectueux souvenir ; c’était une de ces femmes modestes et simples, dont nul ne parle, qui se tiennent dans l’ombre toute leur vie, mais qui ont eu une si grande et si humble tendresse pour ceux qu’elles ont aimés, que ceux-là ne sauraient les perdre sans en être bien affligés.

Ma foi, mon pauvre ami, pleurez, parlez-moi d’elle, des gâteaux qu’elle vous donnait quand vous étiez tout petit, des gronderies et des sermons dont elle gratifiait vos jeunes escapades ; vous savez, n’est-ce pas, Étienne, que je sais comprendre toutes ces choses, et que mon