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LE SECRÉTAIRE DU MINISTRE

» Votre toute dévouée amie et plus que jamais fidèle servante.

» Mariette. »

Ce que l’ouvrière n’avait pas voulu dire, en annonçant la douloureuse nouvelle de la mort de Mme Daubrée à M. Jussieux, c’était l’état réel de M. Isidore Letourneur.

Cet homme, si plein de lui-même et si soucieux de tout ce qui se rattachait à sa personne, avait, en effet, été très-sérieusement frappé de la maladie, puis de la mort de sa sœur, car il lui semblait qu’en venant prendre chez lui, dans sa maison, dans sa propre famille, une personne qui lui était si utile et à laquelle il était habitué depuis si longtemps, c’était une sombre menace pour lui-même ; la cloche qui avait sonné les funérailles de Mme Daubrée lui paraissait aussi avoir tinté le premier glas de sa mort future.

Il s’était senti atteint dans sa personne, son âge lui revenait sans cesse à l’esprit comme une note lugubre, et il avait peur.

Mais une peur réelle et profonde ; il voyait la mort partout et à chaque pas ; il craignait de se voir atteint par elle.

Mariette, pour ne pas donner en spectacle aux étrangers cette misérable frayeur, qui avait la naïveté cynique de demander à chacun des consolations pour lui, et qui voulait avant tout qu’on le rassurât sur la chère vie de sa précieuse personne, Mariette avait été obligée de le reléguer dans sa chambre avec une brave femme à laquelle elle avait donné la mission de l’entretenir de