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LA PERLE DE CANDELAIR

temps avant d’aller à la Chambre, je la ferai jeter à la poste par un domestique, cet empressement à répondre fera déjà plaisir à Mme Daubrée, et cela l’aidera à attendre patiemment un voyage que vous ne pourriez effectuer maintenant sans folie.

On se doit à sa position, on se doit à son avenir, mon cher Étienne, ajouta-t-elle d’une voix légèrement sentencieuse, après un moment de silence, et si l’on devait quitter les plus grands intérêts de l’existence pour accourir au fond du monde civilisé, à propos des craintes qu’une fille du peuple peut ressentir sur la santé d’un de vos parents, les choses sérieuses seraient trop à la merci de la sentimentalité populaire : il faut être de son temps et surtout de sa condition ; c’est le premier devoir d’un homme politique.

Alors, sentant sa cause gagnée, elle ouvrit un livre à la mode, qui attendait son bon plaisir à la portée de sa main, et laissa Étienne répondre à Mariette.

Quand il sortit de chez la femme du ministre, M. le député était tout à fait en paix avec lui-même. Il avait laissé sa lettre aux soins de son amie. Il avait rempli scrupuleusement son devoir vis-à-vis de sa famille, il rentrait, libre de toute préoccupation, dans son existence politique, qui seule pouvait donner satisfaction à son ambition.

La semaine entière s’écoula sans qu’il vint de lettre de Candelair, et, à part elle, Mme Malsauge s’applaudissait d’avoir empêché M. Jussieux de faire inutilement un voyage qui lui agréait si peu.

Mme Valentine avait entièrement oublié l’incident qui, un matin, à l’heure du déjeuner, était venu se jeter en