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LA PERLE DE CANDELAIR

Il demanda son coupé et se fit conduire chez Mme Hélène, sans laquelle, en vérité, il était incapable de prendre une décision.

Mme Malsauge savait si bien quelle conduite il fallait tenir en chaque occasion, elle était si habile, si savante aux choses de la vie, qu’à coup sûr elle trouverait un biais pour le sortir d’embarras et pour apaiser, en même temps, le malaise qui s’était emparé de lui.

En le voyant entrer, Mme Malsauge comprit de suite qu’il était advenu quelque chose d’insolite, et qu’on allait lui soumettre cette chose. Elle montra de la main, tout près d’elle, un siége qui paraissait attendre le visiteur, puis elle lui dit de sa voix d’or :

— Je vous écoute, ami ; je vois que vous avez quelque confidence à me faire.

— Ah ! soupira en dedans de lui le jeune homme, voilà bien la vraie sœur de mon âme, l’esprit par excellence, celui qui me comprend avant même que j’aie parlé, et qui est toujours prêt à me venir intelligemment en aide.

Alors, las de lui-même, il tendit à Mme Malsauge la lettre qu’il venait de recevoir de Mariette, et se laissant aller sur le fauteuil, que la femme du ministre lui avait si gracieusement offert, il se recueillit, laissant Mme Hélène prendre connaissance de la missive venue de Candelair.

Mme Malsauge lisait d’un œil et l’autre, abrité par sa paupière, étudiait Étienne ; ce qui se passait en lui ne lui fut pas longtemps caché, elle avait une trop longue habitude de lire dans sa pensée pour ne pas y arriver du premier coup.