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LE SECRÉTAIRE DU MINISTRE

— Si Mme Daubrée est sérieusement malade et qu’elle demande à vous voir, c’est qu’elle pense bien n’en pas revenir ; alors je crois que vous feriez sagement d’aller jusqu’à Candelair. Les gens de l’âge de votre grand’mère se font rarement illusion sur leur état, et quand ils demandent à voir leurs enfants, c’est que probablement il ne leur serait pas donné d’attendre leur visite pour plus tard.

— Mais ma chère amie, reprit Étienne, considérez donc un peu ma situation à la Chambre. Est-il prudent que je quitte Paris dans un moment pareil ?

— La Chambre aura toujours besoin de vous, grâce à la situation que vous y avez prise, aussi la Chambre peut attendre quelques jours tandis que Mme Daubrée ne me paraît pas, d’après ce que vous me dites, devoir compter sur des heures nombreuses. Il me semble que dans la situation présente vous pourriez courir au plus pressé.

— Je le voudrais, répondit Étienne ; mais je crains de ne le pas pouvoir.

— Vous êtes meilleur juge que moi, en cette occasion, dit alors Valentine, car n’étant pas intéressée, par ses sentiments, pas plus que par ses intérêts, à ce que M. Jussieux se décidât dans un sens plutôt que dans l’autre, ce qu’elle en avait dit n’avait été que pour donner la réplique à son mari.

Là-dessus, le déjeuner étant fini, elle se leva, fit un signe d’adieu à son mari, et se retira chez elle, ainsi qu’elle en avait pris l’habitude depuis longtemps.

Étienne, mécontent de ce que la situation lui présentait de délicat, se leva aussi, mais avec une certaine mauvaise humeur.