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LA PERLE DE CANDELAIR

plus à propos de ses affaires qu’au sujet de ses plaisirs, et si, par hasard, il lui faisait quelqu’ouverture à ce sujet, elle l’écoutait avec une indifférence si calme qu’elle, pas plus que lui, n’étaient jamais bien surs qu’elle eût entendu ni compris.

Cette attitude passée dans les habitudes n’ouvrait point le champ aux confidences, et il fallait que M. Jussieux fût bien vivement contrarié pour qu’il éprouvât le besoin de dire à Valentine de quelle nature étaient les nouvelles qui lui arrivaient de Candelair.

— Ma brave grand’mère me fait savoir qu’elle est malade, dit-il ; elle voudrait me voir faire, auprès d’elle, un voyage de quelques jours. Je serais très-désireux de lui faire cette concession, mais je ne vois pas que ce soit possible du tout : il y a dans ce moment-ci, en discussion, des projets que j’ai étudiés, que je soutiens, à propos desquels je dois prendre la parole, aussi une absence ces jours-ci me serait-elle entièrement impossible.

Valentine leva sur son mari un regard calme, que l’excès de son indifférence rendait presque terne, et elle attendit la fin de ce que lui disait M. Jussieux, tout étonnée d’en ouïr si long, sur un sujet qui l’intéressait si peu.

— D’un autre côté, je suis très-vivement contrarié, continuait Étienne, de ne pouvoir me rendre au désir de la vieille et bonne femme ; tout cela me tourmente si bien, que je crains d’en arriver à être moi-même malade.

L’insistance qu’il mettait à parler de sa perplexité, en même temps que de sa contrariété, fit croire à Valentine qu’il sollicitait un semblant de conseil, aussi se hasarda-t-elle à lui dire, et tout simplement par politesse :