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LA PERLE DE CANDELAIR

Par exemple, l’oncle s’était engagé, devant sa sœur, qui en avait l’âme tout émue, à faire parvenir au jeune homme une pareille somme à chaque trimestre.

Étienne, de même que presque tous les jeunes hommes au sortir du lycée, ne savait rien de la vie pratique, pas plus que de la valeur réelle de l’argent. Il écouta donc ce qui lui fut dit, prit ce qu’on lui donna, et songea sérieusement à devenir avocat, comme il s’était appliqué à se faire recevoir bachelier.

À peine eut-il passé deux fois vingt-quatre heures à Paris que son esprit analysa le passé dont il avait si souvent souffert sans en avoir jusque-là recherché les causes immédiates. Il arriva qu’au lieu de se sentir seul et de regretter ce que presque tous regrettent, ne fut-ce qu’un moment : le logis et la famille, il respira entièrement, à fond, sans entrave et sans crainte, peut-être pour la première fois de sa vie.

Il comprit bien vite que les générosités de son oncle lui assuraient la misère. Cela ne le fit pas reculer, mais il chercha, avec toute la timidité d’un enfant de son âge, de quoi subvenir aux premiers besoins de la vie.

Quelques jeunes gens habitant le même hôtel que lui comprirent heureusement son extrême gêne ; ils devinèrent les démarches, toutes restées infructueuses, qu’avait dû tenter Étienne pour se procurer quelques leçons à donner, ou quelques écritures à faire ; ils l’aidèrent si franchement et de si bon cœur, dans cette chasse au travail, que bientôt il eut, à peu de chose près, le nécessaire, c’est-à-dire de quoi manger, se vêtir et payer son logement ; tout cela de la plus stricte façon.

La première année se passa ainsi : laborieuse et soli-