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LA PERLE DE CANDELAIR

« Bien cher monsieur Étienne,

» Je ne vous écris pas aujourd’hui pour moi, ainsi que vous avez bien voulu me permettre d’en conserver la douce habitude, je vous écris pour cette bonne Mme Daubrée, qui est fort malade, qui se voit dépérir chaque jour et qui, maintenant, est dans un tel état de faiblesse qu’elle m’a priée de lui servir de secrétaire.

» Elle croit qu’elle va mourir, et moi, monsieur Étienne, j’ai la douleur de le croire aussi comme elle.

» Depuis quelques jours, elle ne me parle que de vous, elle en parle toujours et à tout le monde, car plusieurs des voisins, la sachant tout à fait alitée, sont venus lui faire visite, et elle ne sait s’entretenir, dans la mesure de ses forces, qui vont en se diminuant très-vite, que de vous, que du désir qu’elle a de vous voir et de la crainte qu’elle a de mourir avant que vous ne soyez venu.

» Elle me charge de vous écrire tout cela et de vous prier de partir aussitôt que vous aurez reçu cette lettre. Elle vous supplie de n’apporter aucun retard à votre voyage à Candelair.

» Quant à moi, monsieur Étienne, je me permets d’ajouter que je crois qu’il est grand temps que vous arriviez si vous voulez voir la grand’mère encore avec un souffle de vie, peut-être même sera-t-elle incapable de vous reconnaître entièrement quand vous serez là ; mais ce sera pour vous et pour nous tous, une grande consolation de cœur de penser que vous ne l’aurez pas laissée partir sans lui donner ce baiser de l’adieu, le dernier, celui qu’elle semble attendre pour aller se reposer dans