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LE SECRÉTAIRE DU MINISTRE

Elle tenta bien d’écrire à son cher enfant pour le prier de faire le voyage de Candelair, à l’intention de son grand voyage, à elle, vers l’éternel repos, mais elle ne put accomplir son dessein ; sa main était devenue entièrement faible et tremblante, son regard avait baissé tout à coup ; alors, en constatant les grands pas qu’elle faisait vers la mort, elle comprit qu’il n’y avait plus de temps à perdre, qu’une fois dans sa vie il lui fallait prendre une décision sans remettre au lendemain et sans attendre que les événements se chargeassent de la lui imposer eux-mêmes.

Elle pria donc Mariette, qui ne quittait pas son chevet depuis qu’elle était malade, d’écrire à Étienne qu’elle le voudrait bien embrasser une dernière fois.

L’ouvrière remplissait, avec l’entraînement affectueux qui la guidait dans ses rapports avec la famille d’Étienne, sa mission de charité en écrivant au jeune homme.

Sa lettre fut portée, sur un plateau d’argent, par un valet de chambre en livrée irréprochable, pendant que M. Jussieux et sa femme finissaient de déjeuner.

Étienne, en reconnaissant l’écriture de Mariette, eut au cœur un mouvement de vie dont il se croyait incapable ; il en fut surpris lui-même et s’en trouva presque heureux.

Mais ces choses-là sont de courte durée, dans la situation morale où vivait Étienne, et cet éclair s’éteignit comme il s’était allumé, avec la plus grande vivacité et ne laissa pas de trace de son passage.

Alors, redevenu lui-même, il ouvrit l’enveloppe et lut ce qui suit :