Page:Lacroix - La Perle de Candelair.djvu/356

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
348
LA PERLE DE CANDELAIR

saisi sa quiétude ; la part réelle de son bonheur, c’est-à-dire l’amitié et la presque constante présence d’Étienne, ne lui font pas défaut.

Elle est plus que jamais l’Égérie qu’il consulte et qu’il écoute avec une tendre déférence.

Leurs relations de cœur ont gagné à n’être plus forcées, et maintenant, en considérant le bonheur tranquille, bonheur à l’abri de tout orage, dont jouit Mme Hélène, le marquis de Ferrettes en est arrivé à plaindre de tout son cœur Mme Valentine ; car il est forcé de reconnaître que Mme Malsauge a bien pris, cette fois-ci, la bonne part, et que, de la place qu’elle a su se faire, personne ne saura l’expulser ; la femme de M. Jussieux n’ayant pas tenté, dès les premiers jours de son mariage, la conquête difficile du cœur et de l’esprit fatigués de son mari.

Les choses se seraient probablement immobilisées ainsi, peu à peu, tant elles étaient en bon chemin pour arriver à une complète ankylose, si une lettre de Candelair n’était arrivée pour remuer les cendres du passé.

La grand’mère d’Étienne se sentait malade, affaiblie par l’âge et surtout par le travail, par les privations et par les inquiétudes de conscience qu’elle s’était plu à se créer à peu près depuis qu’elle était au monde.

Elle se voyait s’éteindre et désirait ardemment qu’Étienne fût auprès d’elle à ce moment suprême. Elle l’avait tant et si maladroitement aimé, alors qu’il était enfant, qu’il lui semblait qu’elle n’était pas libre de quitter l’existence et de rendre en paix son âme à Dieu, si elle ne réglait pas avec lui, avant tout cela, ses comptes de sentiment et l’arriéré de ses tendresses maternelles.