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LE SECRÉTAIRE DU MINISTRE

Alors s’élève cette guerre sourde à laquelle la grande éducation et le savoir-vivre seuls mettent une apparence calme.

Mme Jussieux est polie, gracieuse, mais froide comme le plus parfait de tous les marbres, pendant qu’Étienne, plus que jamais adonné tout entier à ses travaux politiques, à son œuvre ambitieuse, trouve qu’en effet il n’a qu’à se louer de l’idée qu’ont eue M. de Ferrettes et Mme Hélène de lui faire prendre femme.

Car sa maison est une des plus recherchées de Paris ; on parle de ses fêtes absolument comme des fêtes officielles ; on cite le nom des convives qui assistent à ses dîners, et souvent de très-graves réunions se tiennent chez lui pour ne pas porter tout à fait le cachet autoritaire qu’elles auraient si les choses se passaient au ministère.

Ses salons ont, vis-à-vis du château, la même situation que les journaux du gouvernement auxquels on décerne le titre d’officieux vu qu’il ne peut guère en exister qu’un d’entièrement et d’ouvertement officiel.

En considérant tous ces avantages qu’il n’aurait point eus s’il n’avait pas épousé une élève du Sacré-Cœur qui était venue apporter dans sa vie une belle dot, un aide entièrement convenable et pas le moindre embarras, il était vraiment aussi reconnaissant qu’il pouvait l’être à M. de Ferrettes et à Mme Malsauge du soin qu’ils avaient pris d’arranger son existence. Quant à sa femme, en dehors des bons rapports journaliers qu’il était trop bien élevé pour ne pas avoir avec elle, c’était bien la personne qui tenait le moins de place dans son existence.

En constatant le résultat obtenu, Mme Malsauge a res-