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LE SECRÉTAIRE DU MINISTRE

Elle est encore si peu femme qu’elle ignore les mille ressources féminines dont elle peut disposer pour attirer à elle un homme qui vit de la même vie qu’elle et pour le retenir à ses côtés par des caresses, par des grâces, par des bouderies, enfin par tous les engins de guerre avec lesquels on attaque et réduit une place masculine.

Mais les jours s’écoulent, les mois se suivent, les jours et les années viennent, sans apporter de changement à la vie intime des jeunes époux.

Valentine, à la longue, a pris ou plutôt elle a laissé prendre à son esprit un autre chemin ; elle n’attend plus l’amour ; elle sait maintenant qu’il n’y en a pas pour elle ; son mari est un mari parfait ; mais de cet amant empressé, tendrement épris qu’elle avait un moment désiré et espéré trouver en lui, elle n’ignore pas que rien n’en existe et que ses ambitions, à cet égard, ne reposaient que sur ses rêves de jeune fille.

Ses devoirs, elle les accomplit tous dans leur entier et avec la rigidité d’une âme fière, d’un esprit indépendant qui veut donner largement tout ce qu’il doit pour que personne ne se permette de lui demander autre chose.

Mais elle a fait aussi de ses droits une profonde et sérieuse étude, elle est arrivée à en découvrir l’étendue et cela l’a jetée dans les âmes révolutionnaires, qui ne demandent qu’un cataclysme, quoi que ce soit qui en doive résulter, préférant tout ce qui peut arriver, le mal même à la chose existante qui les opprime.

Elle sent qu’elle a une personnalité vaillante, affectueuse, énergique que les éclairs et les tempêtes de la