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LA PERLE DE CANDELAIR

Mme Hélène lui avait enseigné toutes les femmes ; l’amour n’avait plus de secret pour lui, et son âme ne se sentait tourmentée par aucune curiosité en face de cette belle jeune fille que le mariage lui avait donnée.

Le marquis de Ferrettes, qui vit bien de suite que l’indifférence et la tiédeur avaient pris leur place au logis du jeune ménage, se crut le devoir de ne pas laisser, livrés à eux seuls, ces enfants qu’il avait rivés à la même chaîne, et pour toujours.

Alors il s’occupa des présentations qu’il était convenable de faire, des visites dont on ne pouvait se dispenser et des relations qu’il était utile d’entamer.

Il fit si bien, qu’à défaut d’un bonheur qu’elle ne pouvait pas regretter, puisqu’elle n’en savait pas le premier mot, Mme Valentine Jussieux eut ses journées prises par des occupations qu’elle accepta comme des devoirs de sa nouvelle condition, et qui lui tinrent lieu de distractions.

Mais on a beau faire, quelque occupées que paraissent être les journées d’une femme jeune, on ne saurait l’empêcher de penser, de regarder autour d’elle, de comparer sa vie à la vie des autres et même de prêter parfois, dans le silence de ses longues promenades, au travers du monde et des devoirs qu’il impose, une oreille très-attentive à ce qui se passe dans son cœur, quand il lui prend fantaisie de converser avec son esprit.

Valentine, plus que toute autre jeune personne, était facile à se laisser aller à ces discours muets avec elle-même ; elle en avait une très-ancienne habitude, et le genre de vie qui avait remplacé la vie du couvent n’a-