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LA PERLE DE CANDELAIR

jour. Dès qu’il la vit entrer, il jeta sur elle un regard curieux.

Alors elle lui raconta le résultat de sa visite et la part qui lui revenait maintenant dans ce travail de mariage qu’ils avaient entrepris, de compte à demi, poussé par le grand moteur des gens du monde : les convenances.

M. Malsauge consulté, pour la forme, par M. de Ferrettes, trouva l’idée excellente et remarqua qu’en effet un pareil mariage assurait à son ami et secrétaire, dont il avait fait un homme considérable, pour qu’il pût lui être, dans ses entreprises, d’un plus grand secours, une position plus sérieuse et plus stable qui ne pouvait que l’aider dans ses vues personnelles.

Aussi, tout en courant à la Chambre, tout en sortant des Tuileries, affirmait-il au marquis qu’il s’arrangerait pour trouver le temps de l’accompagner au Sacré-Cœur, le lendemain, et que, puisque Mlle Valentine de la Vaugellerie n’avait que des parents très-éloignés, il lui servirait de père, lui, le ministre, en cette grave et solennelle circonstance de son mariage.

Les choses furent faites ainsi qu’il avait été dit, et M. Jussieux se laissa marier par nonchalance, pour n’avoir point à lutter avec ceux qui avaient jusque-là conduit toutes choses dans son existence, et aussi un peu pour faire comme tout le monde, puisqu’on lui en avait démontré la nécessité.

L’ambition, les affaires politiques avaient pris une grande place dans l’existence de M. Jussieux, et son mariage n’éveilla en lui d’autre sentiment que la contrariété des tracas et des occupations que cela lui donna pendant quelques semaines.