Page:Lacroix - La Perle de Candelair.djvu/342

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
334
LA PERLE DE CANDELAIR

— La voilà, là-bas, assise sous la grande charmille.

Alors Mme Malsauge put contempler, tout à son aise, celle qui devait prendre sa place dans la vie d’Étienne, celle qu’elle se donnait elle-même pour rivale, celle qui la devait chasser d’un cœur où elle avait si bien régné en maîtresse et en souveraine jusqu’alors.

Elle avait une bien modeste allure, cette fillette, pour qu’on la redoutât si fort et que l’on vînt, ainsi, à la dérobée, compter ses charmes, peser sa beauté.

Elle était assise, vêtue du modeste et disgracieux costume du couvent. Ses beaux cheveux noirs étaient simplement relevés et tordus derrière la tête, avec une rectitude qui éloignait toute idée de coquetterie, tout sentiment de l’art de se faire belle. Ils formaient une masse rigide qu’elle portait noblement, de même que toute sa personne, qui avait une raideur plus chargée d’austérité que de grâces juvéniles.

Valentine était grande ; elle avait encore cette maigreur de toutes les jeunes filles, maigreur qui n’est pas sans charmes pour ceux qui savent que ce sera de courte durée, et qu’avec l’usage de la vie elles vont prendre ces rondeurs par lesquelles la femme s’affirme.

Elle avait de grands yeux noirs qui s’ignoraient, et cela se voyait bien à la façon dont elle arrêtait son regard sur les gens et les choses qui l’entouraient. Sa bouche était sérieuse, sans autre physionomie que celle qu’elle recevait de la rectitude de ses lignes.

En effet, Valentine avait si peu de choses actives dans le visage et dans l’allure, que la religieuse avait parfaitement fait son portrait en disant : — Elle n’est ni jolie ni laide.