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LA PERLE DE CANDELAIR

férence pour vous, je la doive subir, absolument comme une présentation ou comme un habit neuf, toutes choses fort déplaisantes à aborder.

Alors Mme Hélène ne songea plus qu’à l’accomplissement d’un mariage qui offrait si peu d’attraits au jeune homme, et qu’il acceptait avec une si parfaite indifférence ; il lui semblait que c’était le cas, ou jamais, de lui rendre une liberté qu’il ne demandait point, et de lui faire un bonheur dont il n’avait nulle envie.

Mme Malsauge revint donc, sans tarder, au Sacré-Cœur : elle entendit avec une âcre satisfaction la supérieure qui lui annonçait qu’elle croyait avoir parmi les pensionnaires de sa pieuse maison, la jeune personne qui remplissait toutes les conditions voulues pour devenir la femme de M. Étienne Jussieux.

Cette enfant allait avoir vingt ans ; elle n’avait plus d’autre famille que des parents éloignés qui avaient cru plus convenable de la laisser au couvent où elle avait été élevée que de la prendre auprès d’eux.

Car c’est toujours une lourde responsabilité que de surveiller une jeune fille sans mère, et d’en prendre, à conscience, l’avenir et le bonheur.

Valentine de La Vaugellerie devait apporter à son mari une dot de quinze cent mille francs, grossie seulement des économies que le notaire, qui gérait sa fortune, avait pu faire sur les revenus depuis que la jeune fille était orpheline. Il n’y avait après cela plus rien à attendre de personne, Mlle de La Vaugellerie n’ayant aucune espérance au royaume des héritages, Mme Hélène trouvait, à part elle, la situation fort belle, et elle prêtait une attention très-soutenue aux paroles de la religieuse.