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LA PERLE DE CANDELAIR

telligente, a bien voulu faire comme moi ; elle s’est employée à vous faire un avenir qui convienne à votre situation. Un homme politique ne saurait se passer d’une maison montée, et le premier de tous les meubles, nécessaire en pareil cas, c’est une femme riche, bien née, et sachant le monde.

Le coup avait été porté. Le marquis se retira pour laisser Étienne seul en face de cette idée que non-seulement Mme Hélène n’ignorait pas les projets de mariage que l’on faisait pour lui, mais qu’encore elle aidait à leur accomplissement, qu’elle y prêtait la main.

Quand il fut seul, le jeune homme se demanda s’il avait réellement bien entendu ce que l’on venait de lui dire, ou si ce n’était pas un rêve, un égarement momentané de son esprit. Il fut longtemps avant de comprendre cette chose monstrueuse pour lui : que Mme Hélène admettait son mariage, qu’elle le classait parmi les accidents naturels, et qu’elle s’en occupait comme d’une bonne œuvre. Il fut longtemps, bien longtemps même, avant d’accepter cela, et comme après toutes ces réflexions il se sentit fatigué, il se coucha sans aller ce soir-là présenter ses hommages à son amie, remettant au lendemain une visite qui, dans les circonstances actuelles, ne pouvait que lui être désagréable à lui et peut-être même à tous les deux.

Mais le lendemain vint à son tour, car il est écrit que tout arrive à son heure, même les choses que l’on n’espère pas, et quand vint le moment où il avait l’habitude de se rendre chez Mme Malsauge, il y fut plutôt comme à l’accomplissement d’un devoir de convention que comme à une fête de cœur.