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LE SECRÉTAIRE DU MINISTRE

— N’est-ce pas ? fit M. de Ferrettes, qui, par son attitude, crut devoir aider Mme Hélène à continuer.

— Mon Dieu, oui, c’est absurde, mais il en est ainsi, je ne puis m’empêcher de le reconnaître ; et après s’être beaucoup occupé des gens, on semble si bien s’être engagé à le faire toujours, que l’on ne se croit plus le droit de les abandonner à eux-mêmes, quoiqu’ils soient d’âge et ma foi bien en situation de marcher seuls, par tous les sentiers de la vie.

— Certes, vous parlez d’or, ma chère, dit le marquis.

— Enfin, que je parle bien ou mal, les choses sont arrangées de cette façon, et comme je n’ai pas la prétention de changer l’ordre établi, j’ai songé que le plus court moyen de trouver un mariage convenable pour notre protégé était d’aller au Sacré-Cœur.

— Vous êtes la sagesse même, ma toute belle, s’empressa de dire le marquis en embrassant avec onction la belle main de Mme Malsauge.

— Vous savez, continua-t-elle, que j’ai toujours conservé de bonnes et fort intimes relations avec les religieuses au milieu desquelles j’ai été élevée. Je me suis souvenue que lorsque la famille de M. Malsauge trouva bon de le marier, elle vint à la supérieure, et que ce fut par elle que la demande de ma main vous fut adressée, puisque je n’avais plus d’autres parents auxquels on pût faire une ouverture de ce genre.

Alors vous vîntes me voir et vous me fîtes un discours fort remarquable, dont j’ai encore souvenance.

Je trouve maintenant que vous avez souvent raison ; mais à cette époque-là vous aviez toujours raison pour moi, aussi vous écoutai-je avec l’entier recueillement