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LA PERLE DE CANDELAIR

à sa guise et imposer humblement et doucereusement sa volonté.

— Ah ! ma chère mère, s’écria Mme Malsauge, si je ne comptais entièrement sur vous, sur vos lumières, sur la charité de votre cœur, serais-je venue ainsi que je l’ai fait avec la plus ardente foi en vous ? Ne vous récusez donc pas, de grâce, et laissez-moi espérer que vous ferez le bonheur d’un homme auquel nous nous intéressons tous de la façon la plus sérieuse.

— Si je puis vous aider, certes, continua la religieuse, mon concours ne vous fera pas défaut, et je suis décidée à vous prêter toute mon assistance, dans la mesure de mes modestes moyens. Dites-moi, chère madame, en quoi et comment je puis vous être utile ?

Mme Malsauge comprit que le moment était venu d’aborder franchement et clairement la question. Aussi reprit-elle, de sa voix douce, calme, persuasive, de sa voix de femme du monde :

M. Malsauge a un ami à la fortune duquel il a grandement aidé. À cette heure, cet ami est député influent, au cabinet. Il a pris à la Chambre une place honorable en même temps que brillante parmi les premiers des orateurs.

M. Étienne Jussieux a donc une position fort brillante ; je ne vois que le ministre au-dessus de lui dans la carrière qu’il parcourt. Les pas sont grands et se font assez facilement sur ce terrain quand on en est arrivé au point où il en est déjà.

La fortune de M. Jussieux, sans être à la hauteur de sa position, est pourtant solide, sérieuse et honnête.

Il a trente-trois ans, c’est un homme de grandes