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LA PERLE DE CANDELAIR

pension, arrivant en face de l’existence sans en connaître ni les difficultés ni les écueils ; je chercherai pour lui celle que l’on dit devoir être la compagne d’un homme !

Je la prendrai au Sacré-Cœur ou aux Oiseaux ; elle sera de haute naissance, de grande fortune, d’alliances remarquables et solides, afin que le monde et lui-même soient pénétrés de l’avantage de cette association matrimoniale.

Je m’attacherai à rencontrer, dans celle que je lui ferai épouser, un cœur et un esprit tout neufs, qui auront toutes les aspérités du très-jeune âge, qui ne comprendront ni les concessions, ni les renoncements, qui iront, toutes volontés déployées, au milieu de ses habitudes prises et qui ne pourront manquer de le froisser à tout coup et à tout propos.

Alors malgré lui, malgré elle, malgré sa situation régulière, il songera à cette douce et tendre Hélène qui se faisait caressante et modeste, humble et soumise en face de ses volontés de jeunesse, si bien que s’il ne m’aime plus, que s’il ne peut plus et ne doit plus m’aimer, il me regrettera et ne jettera jamais vers le passé, vers les belles années perdues, un regard qui ne soit chargé de plaintes et de regrets.

Je me retirerai dans ce sanctuaire inviolable des joies perdues que l’on préfère inévitablement à la chose possédée. Je redeviendrai le rêve, qui est un monde toujours charmant, alors qu’elle, sa femme, ne sera que la réalité avec toutes les épines quotidiennes, avec les luttes constantes, avec le dégoût des affections. De cette manière, moi, je ne perdrai de lui que ce que l’on