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L’ONCLE ISIDORE

Car, si Lou-Pitiou ne dînait que par hasard, et quand sa bonne fortune lui faisait rencontrer quelque chose à mettre sous la dent, Étienne, quoiqu’il avançât en âge, était toujours traité comme un bambin ; son gousset, éternellement vierge de la moindre pièce de monnaie, ne contribuait pas peu à l’éloigner, les jours de congé surtout, des endroits où il aurait pu rencontrer ses camarades.

Cette conformité de dénuement unit plus étroitement encore l’enfant et le chien.

Le gros Thomas, qui n’avait guère autre chose à faire, et ne faisait guère autre chose non plus, que rôder sur le pas de sa porte, causant un peu avec tous ceux qui passaient dans la rue, ne fut pas longtemps sans s’apercevoir de l’intimité des deux amis.

— Hé ! donc, M. Étienne, dit-il un jour en voyant le jeune homme rentrer en ville suivi du Pitiou, s’il vous fait plaisir, cet animal, faut pas vous gêner, pécaïré ! je vous en ferai bien cadeau tout de même et de grand cœur.

Étienne eut dans l’œil un vif éclair de joie aussitôt éteint qu’allumé.

— Mon oncle ne voudrait pas me permettre d’avoir un chien, répondit-il en remerciant Thomas.

— Oh ! rassurez-le, ce brave M. Letourneur, continua Thomas ; Lou-Pitiou n’est pas un chien de dépense ; il ne demande qu’une porte ouverte, chez le voisin, pour y prendre son dîner.

Et le bonhomme de rire de sa saillie.

Étienne salua l’aubergiste ; mais quoi qu’il fît, une fois rentré à la Chartreuse, cette idée d’avoir Lou-Pitiou