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LA PERLE DE CANDELAIR

Ne pouvait-elle pas, au nom même de cet amour que l’on voulait lui faire oublier, se rattacher à son bonheur, en chassant les idées étrangères et nouvelles qui venaient l’envahir, et reconquérir en entier ce qu’elle n’avait pas encore tout à fait perdu ?

Ah ! comme ce nouvel aperçu de la situation lui semblait charmant et possible, et avec quelle satisfaction elle se laissait aller à en déduire toutes les chances de succès.

Comme elle caressa la possibilité de ne pas perdre Étienne et sa tendresse, comme elle s’émotionna en rêvant à l’heure heureuse où la dernière ombre de crainte se serait enfuie devant la lumière de son amour.

— Ah ! fit-elle, avec un soupir de satisfaction, quel joli monde que le monde de l’amour et combien la vie tout entière en est colorée de rose dès qu’il en occupe une partie seulement.

Mais elle fut ramenée à la réalité par la crainte même qu’elle avait de perdre son bonheur.

Alors elle fit en sens contraire tout le joli chemin qu’elle venait de suivre avec tant de plaisir, et parcourant la gamme entière des difficultés qui se dressaient devant elle, elle en revint à cette conclusion désenchantante :

— Il me quittera, l’heure est sonnée ; si le marquis est venu me le dire, c’est qu’il est persuadé qu’il n’y a nul remède au mal qui m’atteint et qu’il a préféré m’en avertir lui-même en m’assistant de sa vieille amitié pour m’aider à franchir le passage pénible et douloureux.

C’est vrai, continua-t-elle, toutes les belles choses de