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LA PERLE DE CANDELAIR

quelles sont les causes de notre retraite, on les chercherait, ces causes qui n’existent pas, et lancé dans le domaine des inventions, on ne peut présumer tout ce que le monde serait capable d’inventer.

Mme Hélène était devenue quelque peu rêveuse.

Cependant le marquis poursuivait :

— Il faut toujours se méfier beaucoup de ce que peuvent dire les indifférents et les désœuvrés : ce n’est jamais profitable à personne. Qui sait, ma chère, on croirait peut-être que le mariage d’Étienne nous contrarie, que nous sommes fâchés de le voir échapper à notre tutelle ; ce serait d’un mauvais effet, car tôt ou tard il en arriverait là, et il me semble qu’il paraîtrait généreux à nous, et qu’il serait habile de notre part que nous le conduisions, vous et moi, jusque dans cet établissement sérieux de son existence et de sa fortune. Il nous y retrouverait toujours de cette façon-là, ne fût-ce que pour nous être reconnaissant du soin que nous aurions pris de ses destinées.

— Je ne sais trop, fit la femme du ministre.

— Enfin, ma chère Hélène, réfléchissez à toutes ces choses, si vous le voulez. Nous en recauserons demain.

— Alors, à demain, dit Mme Hélène, en tendant la main au marquis de Ferrettes, qui prit congé d’elle, en toute hâte, pour la laisser seule livrée aux réflexions qui devaient inévitablement surgir de leur entretien.

Elle resta longtemps pensive, Mme Malsauge, car en rapprochant dans son esprit les craintes qui assaillaient son cœur, depuis longtemps déjà, de ce que venait de lui dire le marquis, elle fut sérieusement atteinte et finit par conclure ainsi :