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LE SECRÉTAIRE DU MINISTRE

mon faible esprit, s’empressa de dire Mme Hélène : ce genre de protection et de propagande matrimoniale entre si peu dans mes moyens que je vous prie de trouver convenable que je me récuse.

— Vous ne le pouvez pas plus que je ne le puis moi-même, reprit le marquis.

— Eh ! pourquoi, je vous prie ? demanda d’un ton légèrement sec Mme Hélène.

— Parce que le passé nous force la main pour l’avenir. C’est moi, c’est vous qui avons pris Étienne sur sa montagne, après avoir mis l’un et l’autre quelque préméditation dans cette recherche, je le crois du moins. C’est nous encore qui l’avons conduit à Paris et l’avons, dès le principe, jeté dans le monde, où il a vite conquis sa place, nous l’y aidant ; c’est nous, toujours nous, qui en avons fait le secrétaire de M. Malsauge, puis un homme politique, et en dernier lieu un député remarquable.

— Je ne nierai point, dit Mme Hélène, que nous n’ayons bien été pour quelque chose dans tout cela ; mais je ne vois pas quelle corrélation il existe entre les bons offices que nous avons pu, à ce propos, rendre à M. Jussieux, et l’impérieuse obligation que nous aurions de le marier nous-mêmes maintenant.

— Comment ! s’écria le marquis, vous ne voyez pas ! Ah ! Hélène, vous me faites vraiment de la peine, ma chère enfant ; mais considérez donc, je vous prie, que depuis dix ans nous sommes entièrement et activement mêlés à l’existence d’Étienne, que personne ne comprendrait qu’au moment où il a le plus besoin des lumières de ses amis, de ses protecteurs, disons le mot, ses protecteurs l’abandonnassent ; on se demanderait