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LE SECRÉTAIRE DU MINISTRE

sations intérieures. Quand, dans sa conscience, il lui eut rendu le juste tribut d’admiration qu’il méritait, il se mit en devoir de lui démontrer qu’il avait su lire sous l’impénétrabilité de son front blanc, et que, par les éclairs de ses beaux yeux souriants et brillants, il était descendu jusqu’à sa pensée, dont il avait constaté les ombres, dont il avait compté les frayeurs et les craintes.

Alors il lui fit savoir que pas une des larmes dissimulées avec tant d’art n’avait échappé au compte exact et terrible qu’il en tenait.

Il entra doucement en matière, il aborda, avec des précautions infinies, cet éternel et toujours jeune chapitre de l’abandon de la femme la plus aimée à un moment marqué pour cela, dans la vie.

Il amenait avec des ménagements savants, qui prouvaient sa science expérimentée dans le mal faire, la douleur qu’il imposait à Mme Hélène jusqu’au moment où elle serait si grande, si aiguë, si complètement insupportable, que la pauvre femme serait obligée de crier et de laisser voir ce qui se passait en elle.

Une fois conduite là, par lui ; une fois qu’elle aurait été forcée de dévoiler au marquis la plaie sanglante que la crainte, que le doute grandissaient chaque jour dans son cœur, il était là, tout prêt à la conseiller et à la consoler.

Sa protection savante allait s’étendre sur elle, et il était tout disposé en même temps que préparé à lui démontrer par quel chemin une femme de son mérite revient, après de tendres égarements, à son point de départ.

Le marquis de Ferrettes attendait que Mme Malsauge