Page:Lacroix - La Perle de Candelair.djvu/321

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
313
LE SECRÉTAIRE DU MINISTRE

fait le tour de tous les mondes et demandent le repos et l’ombre de toutes les branches du chemin.

À bout d’arguments, le marquis lui dit :

— Nous reviendrons sur ce sujet-là ; la chose est trop grave pour l’abandonner ainsi.

Puis, de son pas léger et vif, il se dirigea vers l’appartement de Mme Hélène, qu’il fallait ranger de son côté pour avoir de sérieuses chances de succès ; car, il ne pouvait se le dissimuler, la véritable, la sérieuse opposition, l’inébranlable obstacle ne venaient que d’elle.

— Allons, allons, disait-il tout en cheminant ; sous l’enveloppe de l’homme du monde, dont est revêtu Étienne, il y aura toujours un sauvage, un sauvage pour de bon, et on n’en saurait venir à bout si on ne le bat par ses propres armes.

Il se fait, à lui-même, un rempart des promesses faites à Mme Hélène, des serments qui l’attachent à elle ; il faut donc que ce soit elle qui me le livre et qui lui jette son indépendance et sa liberté à la tête ; sans cela, nous n’en viendrons jamais à bout.

Tout en songeant combien il allait rencontrer de difficultés dans sa très-audacieuse entreprise, il se fit annoncer chez Mme Malsauge, qu’il trouva parée comme pour une fête, rayonnante comme en un jour de bonheur, tant elle était sûre de sa beauté, et toute souriante, tant il lui semblait difficile qu’une femme aussi charmante qu’elle ne fût pas entièrement et longtemps aimée. Les femmes, dit-on, cachent mal ou point ce qu’elles ressentent, et ceux qui les approchent ne sauraient se tromper sur les sentiments qui les agitent.

Si j’en déduis que ce que la femme cache le moins