Page:Lacroix - La Perle de Candelair.djvu/320

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
312
LA PERLE DE CANDELAIR

— Je voudrais, Étienne, vous voir, à ce sujet, les mêmes idées que moi, car c’est le seul parti convenable et sage, la seule façon d’être qui n’empoisonne pas l’existence.

On se marie, mon cher enfant, parce que, à un moment donné, il faut avoir une maison à soi, et que l’on n’a pas une maison convenable sans une femme. Ou épouse un nom, une dot, des alliances pour grandir d’autant ses alliances, sa fortune et son nom personnel.

Enfin on se marie, conclut le marquis de Ferrettes, parce que c’est l’habitude, et que je ne vois pas une seule raison qui puisse vous dispenser de faire ce que tout le monde fait.

— C’est cela, dit Étienne ; on accomplit une sottise parce qu’il est dans les mœurs et dans les habitudes reçues de s’adonner à cet exercice maladroit et nuisible. Ah ! marquis, vous me donnez là des raisons qui ne sauraient me convaincre.

— Parce que vous ne voulez pas envisager la question sous son jour véritable ; vous ne voulez pas accepter que le mariage, pour avoir sa raison sérieuse d’existence, ne doit être qu’une association en vue des intérêts divers que l’on a le devoir de sauvegarder ou d’agrandir.

Le mariage, mon enfant, ne peut et ne saurait avoir rien de commun avec le cœur et les sentiments qui sont susceptibles d’y trouver asile ; les plaisirs de l’esprit ne doivent pas davantage s’y égarer.

Le moi jeune, actif, prime-sautier, que chaque individu porte en lui, n’a que faire dans ce retrait de famille où l’on n’abrite que les choses lasses et fatiguées, que les invalides de l’expérience, que les voyageurs qui ont