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LE SECRÉTAIRE DU MINISTRE

les formes requises par le monde ; et comme le plus souvent la femme est forcée de subir cette volonté, qui est contraire à la sienne, elle accepte, par la seule raison qu’elle n’est pas la plus forte, cette loi contre laquelle elle ne lutterait pas avantageusement.

Plus tard, incontestablement, il faut une revanche à cet esprit qui souffre, qui sent le besoin de rendre le mal qu’il a reçu. Alors, madame se lance vers le domaine de la fantaisie sentimentale, et ma foi, gare aux accidents !

Le marquis souriait.

— Il y a beaucoup d’accidents dans la vie matrimoniale, ajouta très-sérieusement Étienne comme s’il avait étudié, entièrement à fond, cette périlleuse question et qu’il eût été pénétré d’étonnement à la vue du résultat malheureux découvert par suite de ses études.

— Il n’y a pas de situation au monde qui n’ait ses écueils, soupira philosophiquement le marquis.

— Possible ! reprit vivement M. Jussieux ; mais celle-là en a vraiment par trop pour qu’on y entre de gaieté de cœur alors qu’il est si facile de faire autrement.

— Ah ! je n’ai point de vous une si mince idée que de songer à vous voir entrer dans le mariage comme dans une fête, je ne vous demande pas de faire la bouche en cœur, les yeux en coulisse, et de déclarer, en faisant toutes sortes de folies, pour tenter de le faire croire à ceux qui vous entourent, que vous êtes éperdument amoureux de votre prétendue.

Non, non, mon cher Étienne, j’ai de vous une toute autre idée, et après vous avoir légèrement guidé et aidé, jusqu’à présent, dans le chemin que j’ai la satisfaction