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LE SECRÉTAIRE DU MINISTRE

comme je ne voudrais pas vous voir prendre le chemin que j’ai pris pour vous voir arriver au but que j’ai atteint, je vous pousse vers une voie que je n’ai pas eu le bon esprit de suivre, alors qu’il en était encore temps, avec quelques concessions de ma part.

— Je vous remercie de la bonne intention qui vous fait agir, répondit Étienne, mais je ne saurais me marier.

— Mais, mon cher Étienne, cela est dans les attributions du mariage de faire peur aux gens.

C’est comme une médecine dont l’amertume fait un peu faire la grimace ; une fois que la chose est avalée on ne s’en trouve pas plus mal, au contraire.

— Eh ! non, reprit Étienne sérieusement, le mariage ne saurait me tenter : j’ai à cet égard-là des idées qui me séparent de lui d’une irréconciliable façon.

— Le mariage est une chaîne lourde et pénible, n’est-ce pas ? reprit le marquis. Je vois venir d’ici les grands mots et les vieilles idées reçues à cet égard.

— Les vieilles idées et les mots antiques, je n’en saurais pas rire, reprit Étienne, quoique je sache que c’est de mode aujourd’hui et que c’est porté par le meilleur monde.

— Encore une tirade contre le mariage, pensait le marquis, laissons-le dire ; c’est cela de moins dans son jeu. Il jette du lest, laissons-le faire.

— Oui, continua Étienne, le mariage est une chaîne dans la plus complète acception du mot ; c’est une chaîne puissante pour celui des deux qui a la conscience exacte des devoirs qu’il accepte et qui est bien résolu,