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LA PERLE DE CANDELAIR

poids dans la vie, de la place qu’il tient dans la société, et presque de son mérite personnel, continua le marquis.

— Je ne saurais contester votre raisonnement, dit M. Jussieux ; mais, malgré que j’en reconnaisse la justesse, je n’en saurai davantage faire une application qui me soit propre. Enfin, mon cher maître et ami, le mariage me plaît beaucoup pour autrui, mais ne saurait, je vous assure, m’agréer le moins du monde pour moi-même.

— Tout cela se dit très-haut ; cela se pense même un peu tout bas, aux heures où la misanthropie envahit le cerveau des hommes de votre âge, reprit M. de Ferrettes, mais ce n’est que très-relativement ; aussi, mon cher Étienne, je reviens aux premiers mots de mon discours : il faut vous marier.

— Ah ! Seigneur, épargnez-moi, de grâce, un aussi lourd, un aussi grave fardeau, fit Étienne en souriant.

— Écoutez-moi sérieusement, je vous prie, comme je vous parle, dit le marquis, qui tâcha de donner quelque solennité à sa physionomie moqueuse et narquoise.

— Avec un début pareil, comment voulez-vous que j’arrive à ne point me mettre en garde contre vos discours, dit Étienne en souriant, quoique l’insistance que le marquis mettait à lui parler mariage lui en ôtât réellement toute envie.

— Tout cela, ce sont des faux-fuyants qui ne sauraient me satisfaire, reprit M. de Ferrettes.

Oui, mon cher Étienne, continuait le marquis, il est temps de vous marier, de sortir de cette situation qui