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L’ONCLE ISIDORE

les femmes savent mettre dans les témoignages de leur affection, ils étaient tombés dans cette contemplation qui semble être une causerie d’âme à âme.

Le regard fixé au regard, les deux amis étaient immobiles depuis fort longtemps déjà, lorsqu’un vigoureux coup de canne, appliqué par l’oncle Isidore, qui, après avoir fait « son tour » rentrait, juste à l’heure, pour se mettre à table, vint s’abattre sur l’échine du Pitiou.

Lou-Pitiou s’étant reculé d’un bond, pour se mettre à l’abri d’une nouvelle accolade, s’occupa tranquillement à se lécher. Le peu de surprise qu’il témoignait du mauvais procédé dont il venait d’être victime démontrait, et de reste, la longue connaissance qu’il avait des interpellations de ce genre.

La triste bête tout en se tenant à l’écart, ce qui prouvait qu’elle n’avait point oublié, semblait néanmoins ne pas vouloir se souvenir.

— Ah ! mon oncle, s’écria, l’âme opprimée, le pauvre Étienne qui avait plus vivement ressenti le coup de canne que Lou-Pitiou lui-même.

Mais Étienne n’eut pas le temps d’achever. L’oncle Isidore prit son neveu par l’oreille et le mena, dans cette humiliante et douloureuse position, jusqu’à la cuisine, où Mme Daubrée surveillait les derniers apprêts du dîner.

— Voilà, madame ma sœur, dit le vieillard, l’usage que votre petit-fils fait de mes bontés, le soin qu’il prend des habits que je paye, sans compter qu’il se donne en spectacle, sur la porte de mon jardin, en compagnie du chien de l’aubergiste !

Mme Daubrée leva les mains et les yeux au ciel, elle s’excusa même, au nom de l’ingrat enfant ; si bien qu’a-