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LA PERLE DE CANDELAIR

et contre tout, parce qu’elle sait que sa beauté est de toutes ses forces la plus grande, et que sa vertu n’a pas de plus solide base que ses charmes.

Mme Hélène subit l’entraînement qui fait, même dans les situations les plus graves et les plus tendues, courir les femmes à leur toilette ; et elle se mit sous les armes, s’habilla en conquérante, afin que nul ne pût lui résister et qu’en la voyant entourée, adulée, recherchée, Étienne fût bien convaincu de ses mérites et qu’il ne lui vînt jamais la mauvaise pensée de se séparer de cette ancienne et tendre affection pour courir à de plus jeunes, à de plus nouvelles, à de plus actives amours.

Sa grande toilette finie, quand elle eut contemplé sa charmante personne dans la haute glace de son cabinet de toilette ; quand de la tête aux pieds elle se fut trouvée sans reproches, sans ombres, sans faiblesses, sans imperfections, elle murmura d’un air de satisfaction qu’elle tâcha de rendre aussi intime que possible :

— Allons ! je suis toujours la belle Mme Malsauge, et mon cher Étienne aurait mauvaise grâce à ne pas le reconnaître, plus que personne, longtemps encore.

Cependant M. le marquis de Ferrettes avait très-sérieusement réfléchi à la situation que les années et les positions diverses faisaient à ce couple charmant et heureux jusque-là.

Alors, la brutale logique qui se nourrit de l’expérience, acquise par l’usage de ce monde, l’avait conduit à cette conclusion : il faut marier Étienne.

Une fois que cette idée eut pris sa place dans son esprit, cela devint presque une idée fixe, il ne songea donc plus qu’à faire adopter son projet par M. Jussieux.