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LE SECRÉTAIRE DU MINISTRE

— Vous êtes un homme parfait, dit-elle alors, en tournant vers lui le plus séduisant de ses séduisants regards.

Je vous rends votre liberté, cher, il se fait tard ; c’est aujourd’hui le jour où je reste chez moi, et je n’ai pas encore songé à me faire habiller ; je vous renvoie.

— Me permettrez-vous de revenir ? lui demanda Étienne.

— Vous savez bien que cette permission vous a été donnée une fois pour toutes, lui répondit-elle tendrement.

— Alors, je vous dis à tantôt, fit Étienne en se levant.

— À toujours ! lui dit-elle, pendant qu’il soulevait la portière qui séparait le boudoir du salon et qu’avant de la laisser retomber, il faisait un signe affectueux à Mme Hélène.

Mais à peine eût-elle entendu les pas du jeune homme se perdre dans le lointain des appartements, qu’elle cacha sa tête dans les coussins de son canapé et qu’elle se prit à pleurer, mais très-réellement et pour de bon, comme si elle avait eu quinze ans, et sans plus de vergogne que si elle avait été la plus modeste de toutes les bourgeoises de France et de Navarre.

Elle resta là longtemps, ne songeant pas plus aux heures qui passaient qu’aux visites qui devaient venir, ayant oublié jusqu’à sa toilette.

Mais ce sont de graves choses dans la vie d’une femme du monde que ses atours, et quelle que soit l’idée qui la tourmente, quelles que soient ses préoccupations, l’habitude, la nécessité, si vous le voulez, prennent le dessus, et elle se fait belle quand même, envers