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LA PERLE DE CANDELAIR

ces heures que vous-même vous évoquiez tout à l’heure. Souvenez-vous quelle était ma douleur, dans les premiers moments de notre séjour à Paris, quand vous me dressiez, en me brisant, pour les tours de force que le monde demande à ses adeptes.

— Hélas ! pensa tout bas Mme Hélène, que les temps sont changés !

— Si, parfois, je me laissais aller aux rages d’une folle et terrible jalousie, et j’avoue en toute humilité que cela revenait souvent, vous me demandiez dans quel pampas on avait fait mon éducation et vous me menaciez de ne plus me recevoir. Comprenez-vous, Hélène ? moi, ne plus vous voir !

— Oui, je le comprends maintenant, pensa Mme Hélène, à part elle ; je ne le comprends que trop bien, hélas !

Étienne continuait.

— Combien de fois, je vous le demande à vous-même et je ne veux pas d’autre témoignage que celui de votre souvenir, combien de fois n’ai-je pas pleuré, comme un enfant que j’étais, quand vous me dictiez vos sévères leçons et que vous m’imposiez vos terribles, mais sages volontés ? Vous étiez impassible, Hélène, vous étiez aussi sans faiblesse et sans pitié, souvenez-vous, amie ? Vous aviez dit :

— C’est ainsi que l’on agit, c’est ainsi que l’on pense. Il le faut, cela se doit, je le veux ! Et moi je ne savais qu’obéir, je courbais le front sous cette implacable et chère volonté !

— Oui, autrefois ! soupira Mme Malsauge.

— Toujours, Hélène, reprit Étienne, et maintenant