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LA PERLE DE CANDELAIR

L’enfant, appuyé contre la porte du jardin de son oncle, réfléchissait à sa solitude, ou plutôt était accablé sous le poids de cette solitude. Le chien appuya ses deux pattes contre les genoux du bambin et se mit à lui lécher le visage et les mains avec des démonstrations de tendresse qui touchèrent Étienne.

Ils n’avaient été jusque-là guère plus caressés l’un que l’autre.

Pour Étienne, du moins, entre les caresses folles, abondantes, sans raisons apparentes ou tout au moins justifiées que les mères heureuses et jeunes donnent à leurs enfants et celles qu’il recevait de Mme Daubrée, il y avait tout un monde ; et l’enfant était bien en droit d’avoir au cœur la nostalgie des baisers.

Et puis, Lou-Pitiou ne faisait pas de remontrances !

Dans les élans de sa tendresse, il semblait même avoir tout à fait oublié que son jeune ami portait une tunique neuve et son pantalon des dimanches, tandis que, de mémoire de chien, jamais une brosse n’avait approché de son poil.

Au reste, Lou-Pitiou était plein de philosophie à cet endroit, et cela lui était si parfaitement indifférent, qu’il crottait son ami avec le laisser-aller et l’indépendance que vous pouvez lui supposer, d’après l’éducation qu’il avait reçue.

Étienne, tout aussi absorbé que Lou-Pitiou, s’était d’ailleurs assis sur le pas de la porte, sans nul souci pour le fond de sa culotte.

Après avoir joué longtemps avec le chien, après avoir été beaucoup et bruyamment caressé, après avoir rendu les caresses avec cette générosité que seuls les enfants et