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LE SECRÉTAIRE DU MINISTRE

ment pas m’entretenir dans la crainte de me trop affliger.

— Ah ! ma pauvre et bien chère amie, que vous vous faites du mal à plaisir ! dit Étienne, qui tenait entre les siennes les mains de Mme Hélène, et qui les caressait doucement et affectueusement.

— À plaisir ? Vraiment, voilà une étrange façon de parler ! Ne croirait-on pas, à vous entendre, que je cherche les moyens de m’affliger et les occasions de vous faire des reproches. Ah ! Étienne ! Étienne ! que vous faites maintenant peu de cas des choses qui me tourmentent !

— Mais je vous assure, Hélène, que rien de ce que vous me dites n’est compréhensible pour moi ! mon bonheur me suffit, et vous le savez bien.

— Hélas !

— Trouvez-vous que les devoirs tout nouveaux, que la situation, toute nouvelle aussi, m’impose, me tiennent trop éloigné de vous ! Me reprochez-vous de vous avoir dérobé quelques instants pour les donner à ces relations qui forcément sont entrées dans ma vie avec les mandats que votre chère ambition m’a fait accepter ?

— Je ne trouve rien, moi.

— Enfin, chère, si quelque chose vous chagrine sérieusement, dites-le, on tâchera de vous éviter, à l’avenir, l’ombre même de ce chagrin ; mais, au nom de Dieu, de grâce, ne portez pas des accusations en l’air, n’édifiez pas vos grandes douleurs sur des on-dit. Et quand il vous plaira m’accuser de quelque chose, faites-le je vous en prie, vous-même, à mots découverts, dites-