Page:Lacroix - La Perle de Candelair.djvu/298

Cette page a été validée par deux contributeurs.
290
LA PERLE DE CANDELAIR

— Je vous en demande bien pardon, mon amie, mais je vous en ai donné la raison ; mettons qu’elle est mauvaise et pardonnez-moi deux fois.

— Votre raison ne vaut rien, en effet, et vous comprenez bien que je ne saurais l’admettre.

Etienne sourit et embrassa une fois de plus, pour toute réponse, la main de Mme Hélène, qui chiffonnait d’une façon toute nerveuse les guipures de son peignoir.

— De plus, il se passe quelque chose d’extraordinaire entre vous et moi ; notre affection reçoit une atteinte dont je ne puis encore définir la gravité, mais j’en souffre, j’en suis inquiète et tourmentée, dit Mme Malsauge.

— Ah ! que vous êtes habile à vous faire du chagrin, reprit le jeune homme, et quelle cruelle satisfaction vous trouvez à nous torturer l’un par l’autre ! Voyons, Hélène, de quoi suis-je coupable ? En quoi vous ai-je fait du chagrin ?

— On m’a dit… commença Mme Malsauge.

— On vous a dit, Hélène, et vous avez plus de foi en la parole des autres qu’en mon affection ! Ah ! c’est vous qui changez d’une étrange façon ! On dit ! Et que dit-on, mon amie ?

— On dit, on affirme, continua Mme Malsauge, avec une instance chagrine dans la voix, que vous cherchez à vous créer une famille légale, que le bonheur passé n’est plus rien pour vous, et que vous ne refuseriez pas ce que le mariage saurait vous apporter de bien-être, d’indépendance relative, et, peut-être de plaisir. On dit beaucoup d’autres choses encore, et bien au delà de tout ce qui se dit, je devine ce dont on n’ose probable-