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LA PERLE DE CANDELAIR

le qui-vive, de n’être jamais désarmé, d’être constamment en garde.

Voilà où elle en était arrivée, cette belle Mme Hélène qui n’avait qu’à laisser traîner autrefois les longs plis de son vêtement par les sentiers de la montagne, pour être adorée à deux genoux, pour hanter les rêves et pour tourmenter les veilles de son superbe sauvage.

Enfin, le travail achevé, Mme Malsauge se trouva belle. Elle daigna sourire aux efforts couronnés de succès de sa camériste ; elle la congédia d’un geste gracieux et presque reconnaissant.

Alors elle attendit, seule dans son boudoir, l’arrivée de M. Jussieux. Son regard se fixait, anxieux, de seconde en seconde, sur la pendule qui, à son sens, devait être arrêtée.

Au bout d’un instant, elle avança sa mignonne oreille, et elle fut forcée de se rendre à l’évidence : le temps marchait de son pas calme, mais régulier. Elle prit un livre et tenta d’y attacher son esprit, mais ce fut en vain ; elle constata, avec autant d’irritation que de chagrin, le peu d’empressement que mettait Étienne à se rendre à son appel. Et le dépit allait toujours croissant.

Malgré sa lenteur, le temps passait, et quand le valet de chambre annonça M. Jussieux, il n’était plus de bonne heure depuis longtemps déjà.

— Je n’ai pas osé venir plus tôt, se hâta de dire Étienne, je sais que vous avez veillé fort tard cette nuit et j’ai craint de troubler votre repos, et, ce disant, il baisait la main toujours charmante que Mme Hélène lui avait tendue en le voyant entrer.

— Il y a longtemps que je vous attends, lui dit-elle,