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LA PERLE DE CANDELAIR

noyer dans la reconnaissance, se perdre dans les plaines indéfinies de l’amitié, il songea qu’il n’avait plus qu’une très-courte distance à franchir pour en arriver à la fatigue.

Aussi l’habile marquis pensa-t-il qu’il était temps de dénouer tout doucement, avec l’aide des convenances, des relations qui n’avaient d’autre tort que d’avoir duré trop longtemps. Mais ce tort là est du nombre des impardonnables, et le fin vieillard le savait bien.

Il s’attacha donc à démolir, dans l’esprit de Mme Hélène, le solide monument dans lequel elle avait enfermé son amour, vu que cela ressemblait pas mal à une prison et que le prisonnier, sans demander encore sa liberté, n’en jetait pas moins, de temps à autre, des regards d’envie du côté de l’air libre.

Mais ce n’était pas une tâche facile que celle qui avait été entreprise par le marquis, bien loin de là ; car Mme Hélène allait se pénétrant, chaque jour davantage, des mérites de son ami.

Elle le voyait, avec une satisfaction remplie d’orgueil, occuper dans le monde la position qu’elle lui avait si fort aidé à se faire.

Elle jouissait de ses succès, quand elle le voyait traverser les salons au milieu de cette part du monde toujours prête à s’incliner devant les soleils levant.

Elle se sentait remplie de joie et attachait, à l’abri de son éventail, des regards chargés de satisfaction sur cet homme qui n’aimait qu’elle, qui ne se laissait guider que par elle, qui ne courbait son front superbe que devant sa volonté, et elle se sentait d’autant plus fière