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LA PERLE DE CANDELAIR

Puis, peu à peu, avec quel art elle l’avait amené à écouter ses discours mondains, comme elle lui avait démontré, malgré qu’il eût eu de sublimes indignations et des résistances superbes, qui étaient venues s’éteindre aux pieds de la jeune femme ; comme elle lui avait démontré et prouvé que chaque chose a ses hivers, et que les neiges sont la fin de presque tous les soleils, si bien qu’elle lui avait fait abandonner sa montagne, puis Candelair et jusqu’à Mariette ; il avait même laissé là-bas Lou-Pitiou, ce toujours affectueux ami des mauvais jour, et, de ce sauvage, elle en avait fait, elle, la belle Mme Malsauge, le premier secrétaire fort intime de M. le ministre.

Aussi, comme elle était fière de son œuvre, et quel prix énorme elle attachait à l’amour du jeune homme !

Car Étienne était bien réellement l’homme accompli, fait pour flatter l’amour-propre et l’orgueil d’une femme qui avait su se l’attacher et le garder fidèlement enchaîné à ses beautés pendant dix ans.

Néanmoins, l’affection d’Étienne n’a pas traversé ce grand nombre de jours sans se modifier très-sensiblement, et le temps n’a pas été la seule cause des changements apportés à sa tendresse pour Mme Hélène.

Le monde tout nouveau dans lequel il lui a fallu vivre a commandé certaines transformations.

Puis, et cela par la force des choses, l’amour d’Étienne a pris des allures plus calmes : son imagination, qui, comme son cœur, n’a plus rencontré ces mondes d’obstacles qui les faisaient lutter à toute heure et à propos de toute chose, son imagination, dis-je, s’est mise à suivre