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LA PERLE DE CANDELAIR

toutes sortes qui réclamaient une hospitalité rendue souvent nécessaire par les chemins mauvais et difficiles de ce pays de montagnes.

Maître Thomas ne faisait pas ce qu’on appelle de brillantes affaires, mais il vivait bien, je vous jure. D’un homme si gros, si rebondi, si pansu, on n’eût jamais osé dire qu’il vivotait.

Quoiqu’il eût toujours bonne table, peut-être même parce qu’il avait trop bonne table, son escarcelle ne logeait pas des masses d’écus. En revanche, il possédait un couple de chiens de garde, tout comme s’il eût eu les trésors de la Banque de France à défendre.

Ces chiens-là n’avaient aucune prétention à une race quelconque. Certain soir, cependant, quelques pratiques quotidiennes de maître Thomas ayant voulu fixer ce point douteux de leur histoire, la question fut ainsi tranchée.

— Ils ont du griffon, dit un premier buveur.

— Point, ce sont de francs barbets, ajoutait un second.

— Pas du tout, reprit un troisième, ils ont l’allure des chiens-moutons.

— Ignorants ! leur cria Thomas en mettant un nouveau broc sur la table, ne voyez-vous pas que ce sont des chiens-loups puisqu’ils ne se sont pas encore mangés entre eux.

— Ce n’est pourtant pas ce que tu leur donnes qui les en empêche, ajouta un nouveau venu.

La raison et la réflexion ayant toutes deux paru convaincantes, on se mit à rire, on choqua les verres, on