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LA PERLE DE CANDELAIR

lée, encombrant le pavé de ses guenilles et toujours à l’affût d’une malice à faire ou d’une cruauté à applaudir, mais ayant toujours, dans ses yeux noirs à demi-sauvages, une larme pour toutes les bonnes actions. Thomas avait donc un nombreux entourage qui criait et battait des mains.

Soudain Mariette apparut sur la scène du drame, le visage en feu, l’œil plein d’éclairs, armée de ses redoutables ciseaux qu’elle brandissait d’une façon redoutable.

Il lui fit place lestement.

Elle marcha droit à Thomas qui recula comme les autres, car elle lui avançait bravement les ciseaux dans les yeux.

Elle coupa la corde de son cher Pitiou, s’assit au milieu de cette cour encombrée de regards avides et passa sa petite main sur le cou du seul ami qui lui restait, pour essayer de le rappeler à la vie. De grosses larmes coulaient de ses joues. Néanmoins elle était toujours si menaçante et si bien armée que Thomas jugea prudent de rentrer chez lui.

— Je te donne sa peau pour te faire un manchon, cria-t-il à la jeune fille d’un air goguenard, lorsqu’il fut prêt à franchir le seuil de la porte.

À ce moment, Mariette sentit que le cœur du Pitiou battait encore, quoique faiblement.

— Et moi, dit-elle en faisant un paquet de la corde qu’elle lui jeta au visage, je te rends ce licol pour te pendre le jour où il ne te restera plus une bouchée de pain à te mettre sous la dent. Ce ne sera pas long, car tu es ruiné ; et moi qui suis logée en face de ta bara-