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L’ONCLE ISIDORE

— Il faut croire que tout ce qui reluit n’est pas d’or, sans cela cette brave Mme Daubrée ne serait point ainsi noyée dans les larmes. Il est vaniteux, ce vieux Letourneur ; il aime mieux faire envie que pitié, mais la grand’mère n’est pas si fine que lui et ne sait point faire contre fortune bon cœur. Nous verrons d’ici peu ce beau fils revenir en plus mince équipage qu’il n’est parti.

Sur ce les bonnes gens se frottaient les mains, car, même à Candelair, le bonheur de notre prochain nous gêne tous un peu.

Thomas avait vu partir Étienne, tout lui échappait. Ne pouvant plus se venger sur lui en le séparant de son chien Lou-Pitiou, qu’il avisa humant l’air sur le pas de la porte de l’ouvrière, il songea à faire payer sa mauvaise humeur à la pauvre bête.

— Tu ne me fus jamais bon à rien ; attends ! murmura-t-il, je règlerai avec toi le compte de tout le monde.

Sachant bien que Lou-Pitiou ne se laisserait pas approcher par lui, il rentra, prit dans son écurie une longue corde au bout de laquelle il fit un nœud coulant et la lança assez adroitement pour envelopper la tête du chien.

Lou-Pitiou ne put que jeter un cri déchirant en se sentant à demi-étranglé, entraîner par le poignet vigoureux de maître Thomas.

Trouver un pieux pour faire l’office de potence fut, pour l’aubergiste, l’affaire d’un instant. Lou-Pitiou fut pendu bel et bien comme un criminel.

Tout ceci ne s’était point passé sans bruit.

Candelair possédait, comme toutes les villes du Midi, sa nuée de gamins désœuvrés, population criarde, débrail-