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LA PERLE DE CANDELAIR

Lou-Pitiou enfila lestement la porte, et Étienne, qui le suivait, vint conter sa réussite à la jeune fille.

L’ouvrière lui promit de garder le chien à vue jusqu’au jour où Thomas serait devenu abordable. Ce jour-là, elle traiterait elle-même de l’achat de la bonne bête.

Étienne tranquillisé, regagna la Chartreuse.

Il trouva M. de Ferrettes, installé dans sa chambre et battant pour tromper son impatience un pas redoublé sur l’angle de la grande table.

— Allons, mon enfant, allons donc, nous partons dans deux heures. Une dépêche arrive à l’instant qui ne donne d’autre délai à mon neveu que le temps matériellement nécessaire à son voyage. Nous prenons la poste pour aller rejoindre le chemin de fer à B…, et je suis venu moi-même pour que vous entriez vivement en fonctions. Quoique M. de Talleyrand ait jeté quelque blâme sur le zèle, il est bon parfois d’en déployer un peu.

— Me voilà, répondit Étienne, même pas deux heures si vous voulez. J’embrasse ma grand’mère en descendant, je dis adieu à mon oncle, et je suis à vous.

Quelques instants après, Étienne partait avec M. Malsauge, ce qui ne tarda pas à être le bruit, l’actualité de la ville.

M. Letourneur n’avait jamais été si fier, même au temps de sa splendeur à la préfecture : son neveu, son propre neveu, l’enfant qu’il avait élevé était le secrétaire d’un ministre !

Mme Daubrée poussait plus que jamais des « hélas ! » vers le ciel ; aussi les envieux, ceux sur lesquels l’oncle Isidore et sa joie portaient une grande ombre, allaient répétant par la ville :