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LA PERLE DE CANDELAIR

tallait, ce qui fut un grand sujet de causerie par la ville.

Étienne, de bonne heure aussi, avait été trouver Thomas pour traiter de la rançon du Pitiou ; mais ce jour-là l’aubergiste était inabordable. Souillard et ses séides l’entouraient, trinquaient avec lui et parlaient d’autant plus du gain de son procès que c’était leur dernier jour de victoire.

L’affaire se plaidait le lendemain.

Quoique Souillard fût une franche canaille, il n’était pas aveugle et savait bien que Thomas était destiné à perdre le procès ainsi qu’à en payer tous les frais. Il avait tiré du sac de l’aubergiste le plus de mouture possible. Pour lui c’était de bonne guerre ; sa conscience d’huissier élastique, peu chatouilleuse et bourrée de gredinerie, le laissait parfaitement en repos à cet endroit comme à beaucoup d’autres, tandis que son estomac, sa garde-robe et son porte-monnaie lui adressaient de constantes félicitations.

Pour une honnêteté de recors il n’y avait là rien de louche.

D’abord il était en règle. Thomas ne lui avait-il pas signé une autorisation pour les poursuites à faire.

Ce jour-là donc, Étienne ne put voir maître Thomas et le lendemain le procès était perdu.

L’aubergiste était au paroxysme de la colère. Ce n’était pas le moment d’aller lui parler d’une affaire à conclure avec un des hôtes de la Chartreuse, quelque inoffensif que fut cet hôte.

Étienne le tenta pourtant, car M. Malsauge lui avait fait pressentir qu’il pourrait être appelé à quitter Can-