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L’ONCLE ISIDORE

répondit vivement Étienne. Je ne veux pas que tu attendes de mes nouvelles même du bon plaisir de la meilleure de toutes les grand’mères. Je sais bien que si elle allait au sermon avec une de mes lettres dans sa poche avant de te l’avoir lue, tu trouverais le temps bien long, tu souffrirais et je ne le veux pas. Je ne t’ai point fait mienne pour te rendre malheureuse.

— Ah ! que je t’aime, que je t’aime ! disait Mariette à demi-voix, la lèvre empourprée, l’œil humide, la tête à moitié renversée sur l’épaule du jeune homme. Je ne donnerais pas ma part de ce monde, une de mes larmes, un atome de mes douleurs, pour ma place entière en paradis.

— N’oublie pas que tu devras attirer ma pauvre grand’mère chez toi le plus possible. Elle aime à causer, profite de cela ; soigne-la, aime-la en mémoire de moi.

— L’oncle Isidore vous a donc donné de l’argent, puisque vous pouvez retourner à Paris ?

— Non, dit Étienne, car Étienne ne savait pas mentir.

— Alors ?… demanda Mariette, qui ne pouvait point rompre tout à fait avec la curiosité.

— Cela ne te regarde pas, reprit le jeune homme un peu brusquement.

— C’est bien, monsieur Étienne, comme vous voudrez, dit Mariette doucement en ôtant sa tête de l’épaule sur laquelle elle reposait et en retirant lentement ses mains des mains qui les tenaient, tout cela plutôt comme l’expression d’un sentiment chagrin que comme un mouvement de contrariété ou de bouderie.

Étienne était vaincu.

Alors, n’hésitant plus devant cette immense affection à