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L’ONCLE ISIDORE

le premier, souvent le plus difficile et le plus sérieux de tous les apprentissages.

À cette époque déjà le besoin de caresses, l’horreur de cette solitude d’âme qui pousse les enfants à se réunir pour jouer ensemble, à s’embrasser tout à coup, parce que cette manifestation affectueuse répond à un élan intérieur qu’ils ne songent ni à comprendre, ni à expliquer, firent, à plusieurs reprises, chercher à Étienne un camarade, un ami.

Chaque fois la fierté de son caractère, la nature timide qu’il tenait de sa grand’mère, le firent hésiter, puis reculer, dans la crainte d’être mal accueilli.

Le hasard se chargea toutefois de lui donner, sinon l’ami qu’il désirait, du moins un compagnon pour ses jours de sortie : c’était déjà quelque chose.

Tout près de la Chartreuse, mais donnant directement sur la rue, se trouvait une auberge appartenant à un gros homme haut en couleur, ayant la main leste avec les domestiques lambins, le pied traînant pour avoir souvent trop bien dîné, et le nez fleuri par la religieuse façon dont il prouvait que le vin pouvait se boire sans soif.

C’était ce qu’on appelle à Candelair un gaillard, et quoi qu’il fût, à peu de chose près, le contemporain de l’oncle Isidore, des parents soucieux de la réputation de leurs filles, ne les eussent pas laissé entrer en service au Soleil-d’Or.

Au Soleil-d’Or, chez maître Thomas, ou logeait à pied et à cheval. La grande cour aux pavés disjoints avait encore la prétention, malgré le fumier qui l’encombrait, de remiser les charrettes, les voitures, les véhicules de