aussi qu’elle le déchargeait à grand renfort de larmes : elle pleurait comme une Madeleine.
— Allons, reprit Étienne après avoir embrassé ses yeux tout noyés de larmes, je ne veux pas que tu t’affliges ; voyons, essuyons ces yeux-là et soyons gaie.
— Tout ce que vous voudrez, excepté cela.
— Je reviendrai te voir tous les ans, dit alors Étienne, plus touché qu’il ne voulait le paraître de l’amour exclusif, entier, aveugle dont l’aimait la jeune fille.
— Bien sûr ? demanda Mariette en levant son regard tout humide de larmes sur Étienne.
— Je t’en donne ma parole.
— Vous m’aimerez toujours.
— Oui, certes, parce que tu es le meilleur cœur que je connaisse.
— Ça n’y fait rien, soupira-t-elle en essuyant ses yeux ; c’est bien triste de vous voir partir.
— Il faut que je travaille, Mariette, mon inactivité et ma solitude m’auraient rendu fou ou mauvais ; tu le sens bien toi-même. Rappelle-toi bien ce que tu m’as dit dimanche : « Lorsqu’on gagne son pain, on est indépendant. Le travail est le premier mot de la liberté. »
— Oui, c’est vrai, murmura tout bas Mariette, mais mon beau dimanche qui me le rendra ? Il n’a fait soleil dans ma vie que ce jour-là !
Son visage, au souvenir de cette journée qu’elle évoquait, eut un éclair de joie qui s’éteignit dans un soupir de regret.
— Ah ! mon beau dimanche ! mon beau dimanche !
— Il n’y a que moi, Mariette, qui vais être abandonné, reprit Étienne, puisque je te laisse ici avec ma mère et