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LA PERLE DE CANDELAIR

pied de la montagne : Ma foi, dit-il, je n’irai pas. Il se retourna vers le chien qui le suivait le nez dans les talons, le caressa, l’embrassa et lui dit :

— Va chercher Mariette et ne reviens pas sans elle.

Lou-Pitiou partit comme un trait. La mémoire du cœur n’étouffait point chez lui la mémoire de l’estomac. Il fit donc bonne diligence et ramena bientôt la gentille couturière qu’il avait arrachée à ses occupations de chaque jour.

Cela était sans précédent dans la vie de Mariette, qui le suivait demi-inquiète, demi-souriante.

Mais quand elle vit Étienne droit, au milieu du chemin, souriant en la voyant venir, elle ne fut plus que joyeuse. Étienne avait pensé à elle : il avait trouvé longue toute une journée passée sans la voir ; il n’avait pas pu attendre jusqu’à la nuit. Elle était heureuse !… oh ! mais bien heureuse.

« Hélas ! pensait un peu tristement le jeune homme, voilà mes premiers baisers et mes premières amours auxquels je vais tourner le dos, voilà mon seul ami jusqu’à cette heure, dont je vais me séparer aussi ! » Il soupira, mais le sacrifice était décidé. Il embrassa Mariette en lui disant :

— Veux-tu que nous allions à la campagne ? J’ai à causer avec toi.

— Je veux tout ce que vous voulez, monsieur Étienne.

— Allons où nous avons été dimanche, allons à Fraiche-Fontaine. J’ai besoin de me retrouver là pour me recueillir et te dire tout ce que je désire que tu saches.

Ils s’en furent cheminant tous les deux par le même chemin ; ce n’était déjà plus comme la première fois.