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L’ONCLE ISIDORE

sur le marquis, elle ne riait pas, quoique fort surprise d’entendre M. de Ferrettes tenir un langage qui s’éloignait autant de leur langage habituel. Elle attendit en silence que le marquis continuât.

— Ma chère Hélène, dit-il alors, nous avons fait à Malsauge un cadeau précieux et redoutable à la fois. Précieux en ce qu’il n’aurait jamais trouvé, sans nous, un secrétaire qui fut capable de tout comprendre comme celui-là, et de le doubler avantageusement, si l’occasion le demande ; redoutable en ce qu’il ira bien plus haut que votre mari : il ira aussi haut qu’on peut aller, et ce jour-là, bien que mon neveu soit un homme hors ligne, il criera à l’ingratitude et se plaindra.

— Point, cher oncle, nous lui en trouverons un autre, riposta Mme Hélène, qui venait de prendre un parti et qui s’était promis in petto de pousser Étienne, pour en avoir la gloire, et lui inspirer quelque reconnaissance, afin que ce sentiment-là l’attachât à elle lorsque l’admiration se serait envolée.

— Je n’avais pas pensé à celle-là, murmura le marquis.

Il ajouta dans sa pensée et pour sa seule édification : « Les femmes sont autrement fortes que nous : la plus jeune est plus prompte dans ses décisions, plus sûre dans son enfantine expérience que l’homme d’État le plus profond et le plus couronné de cheveux blancs. Elles sont, et de beaucoup, nos maîtresses en toutes choses. »

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Étienne prit tout en causant avec Lou-Pitiou le chemin de la campagne. Quand le jeune homme se vit au